- dîner
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2 ♦ Prendre le repas du soir. ⇒ 2. souper. Nous dînons à huit heures. Inviter, garder, avoir qqn à dîner. Dîner aux chandelles. « Il est déjà un peu tard pour aller dîner en ville, encore un peu tôt pour se rendre au spectacle » (Romains ). Dîner d'un simple potage. PROV. Qui dort dîne : le sommeil fait oublier la faim.dîner 2. dîner [ dine ] n. m.1 ♦ Vx ou région. (Canada, Belgique) Repas de midi. ⇒ 2. déjeuner. « À onze heures et demie, on sonnait le dîner que l'on servait à midi » (Chateaubriand).2 ♦ Repas du soir. ⇒ 1. souper. L'heure du dîner. Dîner de famille, de fiançailles, d'affaires. Les dîners en ville d'un homme politique.♢ (v. 1965) en composition Dîner accompagné d'une activité ou d'une manifestation. Dîner-débat, -colloque, -concert, -spectacle.3 ♦ Les plats, les mets du dîner. Dîner fin, copieux. « À sept heures, on servit le dîner » (Flaubert). Le dîner vous attend.dînern. m.d1./d Repas du soir. Préparer le dîner. Dîner d'affaires.d2./d Mets composant ce repas. Le dîner est servi.d3./d (Afr. subsah., Belgique, France rég., Québec, Suisse) Repas de midi.————————dînerv. intr.d1./d Prendre le repas du soir. être invité à dîner.|| Prov. Qui dort dîne: le sommeil tient lieu de nourriture.d2./d (Afr. subsah., Belgique, France rég., Québec, Suisse) Prendre le repas de midi.I.⇒DÎNER1, verbe intrans.A.— Vx, région.1. Prendre le premier repas de la journée. J'ai donné ce breuvage... ce matin à dîner (GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 174). Lever à six, dîner à neuf, Souper à six, coucher à neuf, Fait vivre d'ans nonante neuf (DG).2. Prendre le repas de la mi-journée. Le bedeau avait bien envie d'aller dîner, car les gens de cette sorte dînent à une heure (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p. 86). Il est midi : c'est l'heure où l'on dîne encore dans toute l'Allemagne (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 27) :• 1. Entre midi et une heure, nous dînions avec le potage et le pot-au-feu officiels, plus ou moins bien accompagnés, suivant les fortunes et les occurrences.BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 145.B.— Cour. Prendre le repas du soir. Avoir, inviter qqn à dîner. Nucingen dîne en ville (BALZAC, Goriot, 1835, p. 160). Condamné à dîner tête-à-tête avec moi-même (GONCOURT, Journal, 1884, p. 299) :• 2. Mais ces soirs-là, où maman en somme restait si peu de temps dans ma chambre, étaient doux encore en comparaison de ceux où il y avait du monde à dîner et où, à cause de cela, elle ne montait pas me dire bonsoir.PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 13.C.— Fam. [Sans référence à une heure précise] Prendre le repas principal de la journée, manger. J'ai envie d'aller dîner sur l'herbe (MUSSET, On ne badine pas, 1834, III, 6, p. 67). Ils dînaient chétivement (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 201). Il faut faire à dîner le dimanche comme les autres jours (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 155).♦ Dîner sur le pouce (ROB.). Dîner légèrement. Dîner avec les chevaux de bois (Lar. Lang. fr.). Dîner par cœur (cf. CARABELLI, [Lang. pop.]; FRANCE 1907). Se passer de dîner.— Proverbe. Qui dort dîne. On oublie sa faim en dormant.— Dîner + prép. En règle générale, dîner + avec se dit des personnes avec qui l'on mange. Je vous ferai dîner avec les Uzai (PROUST, Sodome, 1922, p. 819). Dîner + de, des aliments que l'on consomme. Ils dînèrent d'un potage à l'huile (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 136). Toutefois, dîner + avec se dit aussi dans ce dernier cas, Dîné avec des viandes froides et de l'ail (BARB. D'AUREV., Mémor., 2, 1839, p. 402). Cf. avec II B rem. et supra ex. 1.Prononc. et Orth. :[dine], (je) dîne [din]. Cf. après-dîner. Étymol. et Hist. a) Ca 1131 « prendre le premier repas de la journée » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2089 : [Al matin monte]... quant ont disné li noble chevalier); b) 1532 « prendre le repas de midi » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, XVIII, p. 146 : qu'il luy aprestast au lendemain, sur le midy, à disner); c) av. 1747 « prendre le repas du soir » (Lesage ds Lar. 19e :Mon maître donne à dîner ce soir). Du b. lat.
, v. déjeuner, devenu par haplologie disjunare d'où le rad. disn- pour les formes non accentuées sur le rad. (cf. IXe s. disnare, Papias ds DU CANGE) avec -i- mal expliqué (cf. FOUCHÉ, p. 456); pour le déplacement des heures de repas dans la journée et changements de sens consécutifs, v. Dauzat ds Mél. Huguet, p. 59 sqq. Fréq. abs. littér. :142. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 157, 234. — KURYLOWICZ (J.). Extrapolation d'une loi ling. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 1-12. — LEFÈVRE (J.). Loc. fr. et gastr. Vie Lang. 1972, p. 581. — TOURNEMILLE (J.) Le Cœur. Vie Lang. 1961, p. 183.
II.⇒DÎNER2, subst. masc.A.— Repas pris, suivant l'époque et le lieu, à des heures variées de la journée.1. Vx, région. Repas de midi (cf. déjeuner2). Un souper et un dîner aussi simples que ceux que je donne (STAËL, Lettres jeun., 1786, p. 81) :• 1. À midi, on entrait au réfectoire pour le dîner, qui était bien frugal, hors dans les grandes fêtes ecclésiastiques, où il offrait un air plus animé et plus abondant.SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 216.2. Cour. Repas du soir :• 2. Et dès qu'on sonnait le dîner, j'avais hâte de courir à la salle à manger où la grosse lampe de la suspension, ignorante de Golo et de Barbe-bleue, et qui connaissait mes parents et le bœuf à la casserole, donnait sa lumière de tous les soirs...PROUST, Swann, 1913, p. 10.— En partic. Repas au menu soigné tenant lieu de réunion familiale, professionnelle, mondaine, etc. Dîner d'affaires; dîner de famille. Dîner de corps. Dîner dont les convives sont de la même corporation. Il ne manquait jamais non plus un dîner de corps (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1921, p. 7). Dans un dîner d'hommes de lettres (GREEN, Journal, 1949, p. 264). Dîner fin (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 224) :• 3. — Vous deviez, n'est-ce pas, vous rendre à un dîner à la sous-préfecture?— Un dîner d'hommes, oui. En smoking.— Vous y êtes allé?— J'y ai fait acte de présence.SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 175.B.— P. méton. Mets qui composent le dîner :• 4. Une jeune Anglaise des environs de Londres laisse cette lettre : « Je vais me suicider. Le dîner de papa est sur le fourneau. »RENARD, Journal, 1903, p. 848.Rem. Dîner est le 1er élément de qq. composés. a) Le 2e élément désigne une activité qui accompagne le dîner et le caractérise. Qu'est-ce-que la Pologne pour l'étranger? Tel était le thème d'un dîner-débat organisé mardi soir (Le Monde, 21 janv. 1965 ds GILB. 1971). France-Musique : 20 H, dîner-concert (Le Monde, 9 janv. 1966, ibid.). Un cercle littéraire avait convié des écrivains à un dîner-colloque (Le Monde, 14 févr. 1968, ibid.). b) Le 2e élément désigne une autre catégorie de repas. Dîner-festin chez sa mère (GIDE, Journal, 1945, p. 286).Prononc. et Orth. :[dine]. Ds Ac. 1740-1798, s.v. dîner ou dîné; ds Ac. 1835-1932, s.v. dîner; les éd. de 1835 et 1878 ajoutent : ,,Quelques-uns écrivent dîné``. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié XIIe s. deigner « premier repas de la journée souvent confondu avec celui de midi » (Pèlerinage Charlemagne, éd. P. Aebischer, 584); b) 1814 « repas du soir » (MAINE DE BIRAN, Journal, p. 19); 2. ca 1170 « mets constituant le dîner » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 185 : un bel digner). Emploi subst. de dîner1.STAT. — Dîner1 et 2. Fréq. abs. littér. :13 358 (dîné : 1860; dîners : 653). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 19 370, b) 27 499; XXe s. : a) 23 183, b) 11 601 [dîné : XIXe s. : a) 5 955, b) 1 984; XXe s. : a) 1 498, b) 863; dîners : XIXe s. : a) 822, b) 1 349; XXe s. : a) 989, b) 757].BBG. — DAUZAT (A.). Déjeuner, dîner, souper du Moy. Âge. In : [Mél. de philol. et d'hist. littér. offerts à E. Huguet]. Paris, 1940, pp. 59-66, L'Hist. de déjeuner, dîner, souper. Vie Lang. 1952, pp. 3-5. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 192. — KURYLOWICZ (J.). Extrapolation d'une loi ling. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 1-12. — QUEM. 2e s. t. 2. 1971.1. dîner [dine] v. intr.ÉTYM. Fin XIe, « prendre le repas du matin »; du lat. pop. disjunare « rompre le jeûne », de disjejunare (→ Déjeuner), de dis-, et jejunare. → Jeûner.❖1 Vx ou régional (France, exceptionnellement; Belgique, Canada). Prendre le repas de midi. ⇒ 2. Déjeuner. — REM. Lorsque ce sens est en usage, on dit déjeuner (1. Déjeuner) pour « prendre son petit déjeuner ». — ☑ Prov. et loc. Vx. « Lever à six, dîner à neuf, Souper à six, coucher à neuf, Fait vivre d'ans nonante-neuf. »2 Cour., mod. Prendre le repas du soir. || Qu'allons-nous manger pour dîner ? || Se mettre à table pour dîner. || Inviter, prier, retenir, garder, avoir quelqu'un à dîner. || Dîner en ville, dîner au restaurant. || Dîner chez soi, en tête à tête, avec des amis, en compagnie. || Dîner légèrement, copieusement, de bon appétit, avec appétit. || Dîner à huit heures. Avoir bien dîné. || Dîner avec un potage et un dessert, d'un potage et d'un dessert. — Celui qui donne à dîner. ⇒ Amphitryon. — ☑ Mod. Qui dort dîne : le sommeil fait oublier la faim — ☑ Dîner sur le pouce, hâtivement. — ☑ Fam. Dîner avec les chevaux de bois : se passer de dîner (→ Dîner par cœur). — ☑ Plais. Dîner d'une olive et d'un poulet : dîner plantureusement alors qu'on prétend dîner de peu — ☑ Il me semble que j'ai dîné quand je le vois : sa présence m'est désagréable.1 Il vient peut-être encore vous faire quelque emprunt; et il me semble que j'ai dîné quand je le vois.Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.2 Compère le renard se mit un jour en frais,Et retint à dîner commère la cigogne.La Fontaine, Fables, I, 18.3 Il est déjà un peu tard pour aller dîner en ville, encore un peu tôt pour se rendre au spectacle.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XII, p. 162.❖DÉR. Dînatoire, dîne, dînée, 2. dîner, dîneur.HOM. Dînée.————————2. dîner [dine] n. m.ÉTYM. 1re moitié XIIe, deigner « premier repas de la journée »; de 1. dîner.❖1 Vx ou régional (notamment Belgique, Canada). Repas du milieu de la journée. || « À une heure on sert le dîner » (Sade, Justine…, t. I, p. 166 [1791]).1 Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un héron !J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !La Fontaine, Fables, VII, 4.2 Le dîner se refroidit; voilà M. Fréret qui arrive, mettons-nous à table (…)Voltaire, Dialogues, XXVI, 1er entretien.3 La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit, et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners.Chamfort, Maximes, L'homme et la société, VII.4 À onze heures et demie, on sonnait le dîner que l'on servait à midi. La grand'salle était à la fois salle à manger et salon : on dînait et soupait à l'une de ses extrémités (…)Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 112.2 (1814). Repas du soir (opposé au déjeuner de la mi-journée). || L'heure du dîner. || Dîner de famille, de fiançailles, d'affaires. — Partager le dîner de quelqu'un, dîner à sa table.5 À sept heures, on servit le dîner.Flaubert, Mme Bovary, I, VIII.6 Le chancelier d'Aguesseau m'avait appris à ne pas dédaigner des moments qui paraissent sans emploi, lui que sa femme inexacte faisait toujours attendre pour le dîner, et qui, lui présentant un livre, lui dit : « Voilà l'œuvre des avant-dîners ».Littré, Comment j'ai fait mon dictionnaire de la langue française, p. 26.♦ (V. 1965). En composition. Dîner accompagné d'une activité ou d'une manifestation. || Dîner-débat, dîner-concert, dîner-spectacle. || « Pour 850 F, offrez-vous le grand frisson du Japonais coquin en virée dans le Gay Paris : dîner-spectacle au Moulin-Rouge et soirée avec demi-bouteille de champ' au Lido » (le Nouvel Obs., 15 mai 1982).3 Par métonymie. a Les plats, les mets du dîner. || Un dîner fin, copieux. || Le dîner nous attend, est prêt, est sur la table, va refroidir. || Mon dîner ne passe pas, m'est resté sur l'estomac.❖DÉR. Dînette.COMP. Après-dîner, avant-dîner.HOM. Dînée.
Encyclopédie Universelle. 2012.